MANIFEST

Pics by : Hafid Lhachmi

I am a woman. I am a mother. I am an artist.
Three identities the world still tries to separate, silence, or contain.
A woman is expected to be obedient.
A mother, to forget herself.
An artist, to be free… but only within limits.
I create from this tension, this ancestral dissonance.
I weave, I paint, I sculpt using gestures inherited from women’s daily lives — sewing, embroidery, tufting — gestures long dismissed as silent, domestic, invisible crafts.
But I elevate them into monuments.
I use raw, earthy, instinctive materials.
Wool, metal, textile, wood.
I choose what still breathes, what holds the memory of an ancient world — a world that resists domestication.
My art speaks of the rituals imposed on women:
silence, erasure, submission, appearance, idealized motherhood, the duty to please, to wait, to endure.
They are old chains, yet still heavy.
So I illuminate them. I unpick them. I expose them. I transform them.
Because I believe in the power of transmutation.
I believe that cracks can become doorways.
That in every scar of struggle, something new is born.
I don’t seek to beautify: I reveal the roughness, the fatigue, the contradictions.
But I believe in healing. I believe in the beauty of scars.
To be both mother and artist is not a luxury. It is a necessity.
It is to inhabit a territory of duality, of raw creation, of fertile chaos.
To carry life, to nurture it — and at the same time, to claim one’s voice, even when it trembles.
My work is an homage to the women we don’t look at.
To the marked bodies, the calloused hands, the unruly thoughts.
It is an offering — and a cry.
A celebration — and a rebellion.
I turn the intimate into a universal language.
And each piece becomes an act of memory, resistance, and freedom.
Je suis femme. Je suis mère. Je suis artiste.
Trois identités que le monde tente encore de séparer, de faire taire ou de contenir.
On attend d’une femme qu’elle soit docile.
On attend d’une mère qu’elle s’oublie.
On attend d’une artiste qu’elle soit libre… mais pas trop.
Je crée à partir de cette tension, de cette dissonance ancestrale.
Je tisse, je peins, je sculpte avec des gestes hérités du quotidien des femmes — couture, broderie, tufting — ces gestes souvent rabaissés au rang de l’artisanat invisible, domestique, silencieux.
Mais moi, je les rends monumentaux.
J’utilise des matériaux bruts, terreux, instinctifs.
La laine, le métal, le textile, le bois.
Je choisis ce qui est vivant, ce qui respire encore, ce qui porte en lui les traces d’un monde archaïque, d’un monde qu’on tente de domestiquer mais qui résiste.
Mon art parle des rituels imposés aux femmes :
le silence, l’effacement, la soumission, l’apparence, la maternité idéalisée, le devoir de plaire, d’attendre, de supporter.
Ce sont des chaînes anciennes, mais encore si présentes.
Alors je les mets en lumière. Je les découds. Je les expose. Je les transforme.
Car je crois au pouvoir de transmutation.
Je crois que les fissures peuvent devenir des portes.
Et que dans chaque trace de lutte, il y a la naissance d’une forme nouvelle.
Je ne cherche pas à enjoliver : je montre la rugosité, la fatigue, l’ambivalence.
Mais je crois à la réparation. Je crois à la beauté des cicatrices.
Être mère et artiste n’est pas un luxe. C’est une nécessité.
C’est incarner un territoire de dualité, de création brute, de chaos fertile.
C’est porter la vie, la nourrir, et en même temps affirmer sa voix, même quand elle tremble.
Mon travail est un hommage aux femmes qu’on ne regarde pas.
Aux corps marqués, aux mains calleuses, aux pensées indociles.
C’est une offrande, mais aussi un cri.
Une célébration, mais aussi une rébellion.
Je fais de l’intime un langage universel.
Et de chaque œuvre, un acte de mémoire, de résistance, de liberté.
Tina Tictone